Aussi loin que je me souvienne, l’océan a toujours été là, à me faire signe. Il était dans ma chambre d’enfant comme une énigme, aussi intrigant qu’une carte au trésor posée sur un coin de table, dans une taverne de corsaires malouins. Il me consacrait Indien quand d’autres ne juraient que par les cowboys. Il me faisait grandir sous les auspices des légendes de l’Atlantique et du Pacifique.
Retenu dans les filets d’une pétole infernale ou dans les immenses creux d’un passage à tabac, ou bien fusant en IMOCA sur le fil de l’eau en allant plus vite que le vent, porté par l’espoir d’un vent si vif que même les poissons volants préfèrent abandonner la course, ou encore perché en haut d’un mât, à réparer un hook alors que je viens tout juste de franchir la ligne de départ de mon quatrième Vendée Globe, jamais je n’ai vu l’Océan décevoir mes rêves. Je vis chaque jour en mer comme un rêve éveillé.
Non, je ne rêve pas, j'y suis, j'aime tirer le meilleur de moi-même et de mon bateau pour aller plus vite que le vent et danser avec les dauphins, les poissons volants ou autres majestueux Albatros. Depuis le début, c’est un fidèle camarade sur lequel je peux compter. Il miroite aussi les couleurs des yeux de ma femme et reste à l’origine de tous mes engagements.
A ses côtés, impossible de perdre, puisqu’il vous fera sentir l’importance de votre vie. Il faut le vivre pour le croire, l’Océan, ce bien précieux à protéger, avec nos rêves.
L’océan, j’y suis, j’y reste et je continue. Bon vent !