Interviews des marins à l'arrivée
Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family) :
« J’ai encore plein de choses à apprendre mais j’ai pu voir que le bateau allait super vite. C’est bon signe pour la suite. Surtout, je me suis régalé. Ça faisait un petit moment que je n’avais plus fait de solitaire. En fait, la première et la dernière fois, c’était lors du Vendée Globe. Je suis content d’avoir renoué avec ça. Je tiens à faire un petit clin d’œil à toute l’équipe qui a préparé le bateau un peu à la dernière minute. On a mis à l’eau il y a deux semaines seulement. Il y a eu quelques petites bricoles mais tout a été en ordre de marche pour finir la course et c’est le principal. Je suis hyper fier d’arriver ici, à Brest, la ville de mon partenaire, Guyot environnement.
Je n’avais pas de positions et ça ne devait pas être facile de suivre le bateau depuis la terre mais mes concurrents m’avaient à l’AIS tout le temps. Avec Isa (Joschke), on s’est d’ailleurs bien marré parce que parfois on se quittait, parfois on se retrouvait… J’ai cru que j’arriverais à lui chiper la 5e place et j’y ai cru jusqu’au dernier moment. Il y a tout le temps eu des rebondissements. J’ai bien matché aussi avec Nico (Lunven).
Le parcours était « ouf », hyper complet, avec un passage de Fastnet rapide et une espèce de dépression secondaire très costaude en arrivant sur le way-point Gallimard. Je crois que c’est le plus fort que j’ai pris en IMOCA pour l’instant. Ça a été plus fort que ce que j’ai pu avoir dans le Sud pendant le Vendée Globe, même s’il y a eu moins de mer. J’ai fait une pointe de vitesse à 36 nœuds, sans rien faire, sinon serrer les fesses. C’était bien sport ! Ensuite, il y a eu de la molle puis du près pour remonter. Aujourd’hui, j’ai un carnet complet rempli de choses à faire pour progresser, et je suis hyper content. C’était trop bien et trop bien de régater ! »
Giancarlo Pedote (Prymian Group) :
« Cette Guyader Bermudes 10000 Race a été une sacrée course ! Je suis globalement plutôt content de ce que j’ai produit. L’équipe a vraiment fait un super boulot car le bateau était très bien préparé alors qu’il n’a été remis à l’eau que le 27 avril dernier, après un très gros chantier d’hiver. C’est bien de franchir la ligne d’arrivée sans avoir une job-list énorme. J’ai seulement eu des soucis de pilote automatique, un problème lié à des capteurs qui m’a cependant fait faire quelques départs à l’abattée un peu violents. Ça a parfois été un peu chaud, mais à part ça, tout a bien fonctionné. Je ne pense pas avoir commis de grosses erreurs sur le plan de la navigation. Sur le dernier tronçon, entre le way-point Gallimard et la pointe Bretagne, ce n’était pas simple de tenir les bateaux à dérives. J’aurais évidemment préféré un meilleur résultat qu’une 8e place d’autant que j’avais une troisième place à défendre. Je suis néanmoins content de ce que j’ai pu voir et content aussi d’avoir validé un certain nombre de points techniques avant la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne qui aura lieu le mois prochain. »
Éric Bellion (Commeunseulhomme Powered by Altavia) :
« C’était génial. J’ai vraiment passé un très bon moment. On s’entend très bien le bateau et moi. J’ai eu plein de galères et des petits trucs à régler, mais j’aime bien ça. C’est vite passé. Je ne sais plus trop combien de temps on est resté en mer mais je me suis vraiment régalé. J’ai réalisé que je n’avais jamais fait ça. La dernière fois que j’ai fait une course, c’était le Vendée Globe mais même avant, je n’avais jamais fait de course de petit format en solitaire. Il se trouve que vraiment, j’aime beaucoup ça. J’ai un bon bateau. La Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne arrive. J’ai encore envie de m’amuser et encore envie de progresser. Je suis hyper heureux. »
Conrad Colman (Imagine) :
« Cette course était vraiment chouette ! Exceptionnelle même ! Franchement, j’ai pris beaucoup de plaisir sur l’eau. C’était ma première fois en solitaire au large en IMOCA depuis l’arrivée de mon Vendée Globe en 2017. Comme c’était il y a un bail, forcément, j’ai été trop heureux de renouer avec la course. Le parcours était vraiment très intéressant car bien qu’un peu limité en termes de grandes options stratégiques, il a été passionnant dans le sens où on a constamment régaté au contact avec d’autres bateaux. Ça a bien pimenté le jeu. Ça a été un peu dommage de finir par 400 milles de près car nos IMOCA ne sont pas faits pour ça, mais on a fait avec et il y a eu du match jusqu’à la ligne d’arrivée. Le bateau est nouveau pour moi et je dois m’adapter car je ne connais presque rien du tout de lui encore. Je me suis senti assez à l’aise pendant l’épreuve malgré tout, et assez rapidement finalement. Je suis très content de notre performance collective, à moi et au bateau ! »
Damien Seguin (Groupe APICIL) :
« C’était une course longue mais super intéressante. Le but, ce n’était pas forcément de viser un résultat sportif, c’était surtout de réussir à être bien à l’aise sur mon bateau et de découvrir plein de choses concernant son fonctionnement. Les entraînements sont une chose les compétitions en sont une autre. Ça m’a bien remis dans le bain du solitaire aussi et j’en avais besoin. Ça lance bien la saison, même si on a fait beaucoup de près, ce qui est un peu dommage. Le positif, c’est que le format nous a obligé à avoir un rythme très soutenu pendant plus de six jours.
On a eu des conditions assez variées, avec de la brise, du petit temps… c’est bien, surtout pour moi qui avait besoin de prendre des sensations sur ce nouveau bateau. J’ai pu valider pas mal de choses. Mon objectif sportif est clairement la Route du Rhum – Destination Guadeloupe cette saison. Le fait de participer à une course comme celle-ci a été super important pour moi en termes de préparation car si peu de modifications ont été réalisées sur le bateau, j’ai pour ma part quand même des choses à découvrir dessus.
Cette Guyader Bermudes 1000 Race m’a bien remis dans le bain du solo. C’est important de se retrouver tout seul sur son bateau face à différentes problématiques, y compris celles concernant le sommeil et l’alimentation. J’ai été content de retrouver ses sensations-là. »
Benjamin Ferré (Benjamin envoie le pépin) :
« Je suis content d’avoir fini la course car c’était l’objectif principal. Parfois, j’ai parfois eu peur de changer d’objectif mais j’avoue que cette 11e place, franchement, c’est génial. La course a été hyper complète. Il y a eu toutes les allures. Après le Fastnet, juste du passage de front, dans la nuit noire, le bateau a fait des surfs à 24-25 nœuds, c’était incroyable ! J’ai fait une grosse bêtise avec mon spi, lors de la toute première nuit. J’ai alors cramé pas mal d’énergie. Je sais cependant exactement l’erreur que j’ai faite. Je me rends compte que la moindre petite faute coute très cher et c’est cool d’apprendre ça. Après, j’ai passé toute la course à essayer de rattraper le petit paquet qui était devant moi et c’était hyper chouette, surtout avec tous ces grands champions ! C’était vraiment génial ! C’était ma deuxième fois en solitaire sur ce bateau. La première, c’était il y a 15 jours pour ma qualif’. C’était la découverte de tout.
J’avais envie de finir la course pour moi et j’avais aussi envie de bien faire parce qu’il y a un paquet de personnes qui me font confiance depuis six mois, parmi lesquelles Jean Le Cam et toute son équipe, Gildas Mahé et Pierre Brasseur, puis les sponsors. Cette première course m’a donné envie de trouver plus de mannettes car si je ne connais pas bien du tout le bateau, je vois bien le potentiel qu’il a. J’ai essayé de faire du mieux possible, de tester des choses. J’ai essayé de le pousser au maximum et de le ramener à la maison. Les objectifs que je m’étais fixé sont remplis. »
Arnaud Boissières (La Mie Câline) :
« Je me suis vraiment éclaté. J’ai eu de bonnes sensations. Le bateau est hyper confortable et il va bien. C’est un bateau pour jouer et ça, c’est chouette. Je me suis retrouvé dans un bon petit groupe à batailler. J’ai tenté des coups qui ont marché et d’autres qui n’ont pas marché, comme le dernier. En tous les cas, je me sens hyper bien à bord. Je ne maîtrise pas encore tout mais j’ai pu sentir tout le potentiel du bateau. J’ai vu qu’il en avait largement sous le capot. On se sent bien tous les deux, c’est important. On a eu des conditions très variées et beaucoup de près à la fin. Le bateau ne va quand même pas trop mal à cette allure pour un foiler. Je n'ai donc à pas me plaindre. Il y a un moment, dans le portant fort, je me suis fait déboiter par Bureau Vallée. J’ai cru que c’était un Ultime tellement il allait vite, mais j’ai gardé mon sang-froid. De mon côté, je trouvais déjà que j’allais vite. J’ai quand même fait une pointe à 32 nœuds ! Le parcours était vraiment très technique. J’arrive défoncé mais c’est une bonne défonce. Cette Guyader Bermudes 1000 Race a été parfaite pour se mettre dans le rouge dès le début de saison. En tous les cas, pour ce qui nous attend après, c’était vraiment bien car ça a été bien intense. Je suis content car je n’ai rien cassé. C’est de bon augure. Je sens que je commence à comprendre les manettes de la machine et surtout que c’est facile à prendre en main. »
Sébastien Marsset (Cap Agir Ensemble #Sponsors Bienvenus) :
« La course s’est super bien passée. J’ai pris beaucoup de plaisir et ça c’est essentiel. Je me suis éclaté. C’était ma première course en solo en IMOCA et ça faisait assez longtemps que je n’avais plus fait de solitaire puisque la dernière fois, c’était à l’occasion de la Solitaire du Figaro en 2019. Il a fallu reprendre des petites habitudes. Ça parait assez dingue d’être là et de finir la course parce que ça a été un rush depuis qu’on a acheté le bateau. Le préparer, mettre l’équipe en place… tout ça a demandé beaucoup d’énergie et j’avais hâte d’attaquer la partie navigation. Tout s’est bien déroulé et c’est top. Je n’ai rien cassé à bord mais j’ai maintenant une bonne job-list. Comme on a eu le bateau depuis le 16 mars seulement, il y a plein de petites choses que l’on veut faire pour l’améliorer, le mettre à notre patte et l’entretenir. Cette liste, à mesure que l’on navigue, elle s’allonge et c’est normal. Je suis vraiment hyper content de la course. Le parcours était très sympa dans son ensemble, et le classement, franchement, je ne pensais pas rester autant au contact. Le bateau date de 2006. Il n’est donc pas de dernière génération. C’est hyper plaisant d’avoir régaté au contact. Ça a mis du piment tout le temps ! »
Fabrice Amedeo (Nexans Art et Fenêtres) :
« Je suis un peu déçu. Cette Guyader Bermudes 1000 Race est une épreuve d’avant saison et donc une épreuve pour se préparer, mais ça fait toujours un peu mal de rater sa course, ce qui est mon cas. Après, c’est toujours l’histoire du verre à moitié plein et du verre à moitié vide. Le vide, c’est que j’arrive 19e et que ce n’est pas génial. Le plein, c’est que j’ai appris plein de choses. Le bateau n’était pas prêt et là, j’ai vu ce qui n’allait pas, toute comme l’équipe. Le skipper n’était pas plus prêt parce que je n’avais fait que trois nav’ avant le départ. J’ai engrangé beaucoup d’expérience pour la suite et surtout, j’ai pris du plaisir, notamment lors de l’arrivée sur le Fastnet, avec le bateau qui allait à fond la caisse. Ça a vraiment été une super course, avec un parcours génial. Il y a eu un peu trop de près à mon goût mais ça a été très varié et très intéressant. Ça a clairement été une super préparation pour la suite. C’était un énorme challenge d’être au départ de cette course deux semaines et demie après la mise à l’eau du bateau. Les foils, c’est très technique. Clairement, il va falloir que je m’entraîne et que je passe du temps sur l’eau. »
Manu Cousin (Groupe Sétin) :
« C’était bien mais ça aurait été mieux sans ce problème de hook survenu entre la marque Trophée Département Finistère et le Fastnet. J’ai passé 5 heures à l’arrêt à essayer de « déhooker ». C’est dommage parce que ça m’a vraiment mis dedans pour la suite de la course. Les points positifs, c’est que le bateau se comporte super bien. On a la bonne vitesse et je suis vraiment super content du travail qui a été fait par toute l’équipe. Il y a 15 jours à peine que Groupe Sétin a été mis à l’eau. Il y a des petits soucis de réglages et c’est normal. Le hook, ça n’a rien à voir mais il faut que tout se fasse. Je suis super content de la course. Moi, j’ai besoin de me mettre en route et je commençais à me sentir bien depuis deux-trois jours. Le début de la course a été dur parce qu’on a bossé comme des fous pour la sortie de chantier et qu’on est parti comme ça, direct, sans beaucoup de repos. En tous les cas, c’est de bon augure pour la suite. Je pense qu’on va pouvoir se battre avec nos petits copains un petit peu plus à l’avant que cette fois-ci malheureusement. »
Guirec Soudée (Freelance.com) :
« C’était ma toute première course. J’en tire plein de bonnes choses. J’avais tout à apprendre et c’était hyper intéressant. L’idée, c’était vraiment de découvrir ce bateau parce qu’il y avait plein de choses que je ne connaissais pas et que je ne connais pas encore. J’ai d’ailleurs aujourd’hui toute une liste de questions que je vais pouvoir poser à mon équipe parce qu’il y a des moments où le bateau fonctionnait vraiment bien et où j’étais même assez surpris de me retrouver bord à bord avec d’autres bateaux, mais il y aussi eu des moments où je ne comprenais pas ce qu’il fallait faire. J’ai essayé plein de trucs. Je n’ai pas toutes les clés mais ça, je le savais en partant. Mon objectif, c’était de finir la course. Je pensais vraiment arriver à la ramasse. Finalement, ce n’est pas le cas et c’est tant mieux. Vivement la prochaine épreuve. C’était trop bien ! J’ai pris énormément de plaisir. J’ai vraiment apprécié du début à la fin. C’est génial de revenir à Brest. Il y a six mois, j’y étais avec mon rameur. Ce n’était pas du tout la même chose et j’avoue que suis quand même mieux sur un IMOCA qu’à la rame ! Ce sont des bateaux physiques, c’est clair, mais ils sont joueurs et ils aiment aller vite. Ça me plait. Je suis trop heureux. J’ai vraiment envie de continuer à apprendre sur le bateau mais aussi sur la météo, sur la stratégie, sur plein de choses ! »
Alan Roura (Hublot) :
« C’était top mais ça a été intense parce que c’est la phase où on cherche les manettes. Le projet a démarré assez tard pour nous et la mise en main du bateau aussi. C’était une très belle expérience. J’ai pris beaucoup de plaisir à naviguer. Hublot est un bateau vraiment génial mais ce n’est pas un grand fan du près et moi non plus ! (Rires) En tous les cas, cette course a permis de voir beaucoup de choses pour la suite. Le classement n’était pas un objectif, même s’il y a un peu de déception. A la base, j’étais venu pour apprendre à connaitre mon bateau et j’ai découvert beaucoup de choses. Jusqu’à l’arrivée, c’est resté « match-race » avec Kojiro (Shiraishi). Ce genre de moments sont des grands moments de course au large parce que c’est génial de se retrouver côte à côté après six jours de mer. C’est juste grandiose. Ça a été une très belle course mais une course bien fatigante. La liste des choses qui peuvent faire éventuellement faire évoluer le bateau et le binôme homme-bateau s’allonge pour être performant sur la prochaine épreuve. »
Antoine Cornic (EBAC Literie) :
« Les conditions pendant la course ont été très variées mais aussi très variables. On n’a jamais pu se poser beaucoup. Ça a été intense, avec notamment beaucoup de manœuvres et de changements de voiles. Ça a été hyper intéressant. J’avais deux choses à valider sur le bateau en partant : le nouveau gréement dormant et le nouveau pilote automatique. J’ai coché énormément de cases et je suis très content car une semaine avant la course, je ne savais pas encore si j’allais pouvoir venir tellement les timings de préparation étaient serrés.
A un moment, je me suis fait peur car le furleur de J2 a lâché dans le passage du front, peu avant le passage du way-point Gallimard. Je me suis retrouvé dans 45 nœuds de vent, avec 2 ris dans la grand-voile et sous J2 : je ne faisais pas le fier car je ne pouvais pas rouler.
Au final, je suis plutôt hyper content, même si de temps en temps, j’ai levé la pédale. Mon objectif était de finir la course avant tout. Je suis resté longtemps pas très loin du gros paquet jusqu’à ce que je me fasse piéger pas une bulle sans vent devant Brest pendant 24 heures, histoire de bien me tester mentalement ! (Rires) C’était hyper cool et mine de rien, au total, j’ai quand même fait près de 1 700 milles, ce qui n’est pas rien. Ils me seront précieux pour la suite de la saison ! »
Denis Van Weynbergh (Laboratoires de Biarritz) :
« Mon objectif principal était de finir la course et ça, c’est fait, même si ça n’a pas toujours été simple. A l’arrivée au Fastnet, je me suis retrouvé avec un J2 en lambeaux. J’ai réussi, malgré tout, à le rouler mais ensuite, je me suis retrouvé évidemment bien handicapé. Sur la remontée entre le cap Finisterre et la pointe Bretagne, notamment, c’est une voile qui m’a bien manqué, au reaching. J’ai subi un différentiel de vitesse d’au moins 30%, ce qui est beaucoup. J’ai, par ailleurs, été bien malade lors du passage de front sur la descente vers le way-point Gallimard. Je suis resté cloué dans la bannette pendant quatre heures, je ne sais pas trop pourquoi. Sans doute parce qu’il faisait nuit noire et que j’étais occupé à régler un problème d’ordinateur. En tous les cas, j’ai appris plein de choses. Je me suis raté sur quelques trucs mais ça m’a fait réfléchir et progresser sur énormément de points. La course a été super intéressante, avec beaucoup de conditions différentes. J’ai engrangé de précieux milles dans mon portefeuille pour le Vendée Globe, ce qui n’est pas le cas de ceux qui n’ont pas terminé. Mon équipe a très bien géré avant le départ. Ce n’était que notre deuxième grande course en IMOCA et c’est important qu’elle soit présente sur ce type d’évènement, elle aussi. »