L’âme océane
Il y aurait on ne sait quelle mémoire de grand vent dans les voiles,
quelle piraterie perdue par tous les océans du monde,
quelle parole égarée par tous les songes de toutes les nuits,
quel sursaut hasardé par toutes les routes maritimes jetées au bord de l’impossible.
Il y aurait on ne sait quelle bravade,
quelle folie ravivée dans les vieux portulans et les chants de sirènes à demi oubliés,
quel départ toujours sur le départ pour se vêtir de chimères et tout autant s’en dépouiller,
quelle improvisation où rebondir de mot en mot comme l’on dit de désir en désir pour ceux qui partent pour partir.
Il y aurait… Il y aurait on ne sait quel partage à contre-sens,
quelle errance déboussolée qui sans faiblir garderait le cap,
quelle solitude de par-delà les horizons, quelle vision d’au-delà de la vue,
quelle soif de vivre plus loin, plus vaste, le cœur farouche, sauvage, et cependant réconcilié.
André Velter