Dalin – Beyou – Burton : le tiercé gagnant !
Après Paul Meilhat en 2018 et Sébastien Simon en 2019, Charlie Dalin devient donc le troisième marin à inscrire son nom au palmarès de la Guyader Bermudes 1000 Race. Le skipper d’Apivia, qui a dominé la course du début à la fin, a signé une éclatante victoire – la première de sa carrière en solitaire en IMOCA -, avec plus de 15 heures d’avance sur son dauphin. Une avance inédite sur une course de 1 200 milles dans cette classe de bateaux qui montre, d’une part, le remarquable niveau de maîtrise du navigateur havrais, et d’autre part, à quel point les conditions sur le parcours se sont révélées exigeantes, variées… et redoutables, en particulier sur le dernier tronçon entre le way-point Gallimard et Brest, la faute à une gigantesque dorsale plantée au milieu de la route qui a scindé la flotte et créé des écarts importants. Reste que la bagarre a été belle jusqu’au bout pour le podium, en particulier pour la troisième marche. L’ordre du tiercé gagnant est connu depuis la mi-journée de ce samedi : Charlie Dalin – Jérémie Beyou (Charal) – Louis Burton (Bureau Vallée) !
« Je me sens heureux, heureux d’avoir gagné cette course. Dès le début, ça s’est bien passé pour moi. J’ai réussi à prendre la tête tout de suite. J’ai attaqué fort et tiré sur le bateau pour aller le plus vite possible. Ensuite, il y a eu la remontée entre la marque virtuelle Gallimard et la pointe Bretagne, avec cette dorsale qui m’a bien aidé puisqu’elle a fermé la porte derrière moi », a relaté Charlie Dalin. De fait, s’il s’est installé aux commandes de la flotte dès les premiers milles pour ne plus jamais les lâcher, le skipper d’Apivia a régulièrement creusé l’écart sur ses poursuivants avant de finir par littéralement « tuer le match » après le passage de la marque virtuelle Gallimard (située à 340 milles au nord-ouest du cap Finisterre) et Brest. En effet, s’il est parvenu à conserver du vent constamment et à rejoindre la ligne d’arrivée quasiment en route directe, son dauphin a été nettement plus ralenti sur une trajectoire toutefois relativement similaire, tandis que le reste du peloton a été contraint de contourner la fameuse bulle sans vent par le sud, en rasant les côtes espagnoles. Autrement dit, en rallongeant considérablement la route après avoir été, en prime, un temps piégé dans de tous petits airs, voire de la pétole. « Pour ma part, c’était comme si tous les éléments étaient réunis. J’ai eu l’impression d’être en état de grâce pendant toute la course. J’avais un bateau fiable et performant et que je connais sur le bout des ongles. En météo, je me suis plutôt bien débrouillé et j’ai toujours eu un peu de réussite quand il le fallait. L’année ne pouvait pas mieux commencer », a ajouté le skipper d’Apivia qui a ainsi signé magistralement sa première victoire en solitaire en IMOCA et la quatrième depuis le lancement de son programme, en 2019.
Des repères rapidement retrouvés
« J’ai « tapé » dans le bateau et dans le bonhomme au maximum pour coller Charlie, mais ce n’était pas suffisant. Je suis content de cette deuxième place mais ce n’est pas celle-là que je cherche ! », a commenté de son côté Jérémie Beyou qui visait évidemment la gagne dans cette Guyader Bermudes 1000 Race, la première des quatre épreuves inscrites au calendrier 2022 des IMOCA Globes Series, qualificative pour la Vendée Arctique - Les Sables d’Olonne et pour la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. « C’était une course très intense et donc parfaite pour se remettre dans le bain. Les conditions étaient très variées. On a eu de tout avec des bords rapides, des manœuvres et du contact, surtout avec Thomas (Ruyant) et Charlie (Dalin). Comme tout le monde, c’était ma première course en solitaire depuis le Vendée Globe. J’avais hâte de retrouver le solo. Les repères sont revenus rapidement sur la ligne de départ, même si j’ai peiné un peu à trouver la vitesse sur les premiers bords. Cela étant, il n’y avait pas beaucoup à réfléchir parce que les autres ont rapidement mis la gomme ! », a ajouté le skipper de Charal qui a, comme son rival, affiché un très haut niveau de jeu et réussi à trouver un trou de souris dans la dernière section du parcours. Une petite porte qui lui a permis d’échapper aux affres de la molle en remontant jusqu’à la latitude des îles Scilly, à l’ouest de la péninsule de Lizard, quand le gros de la flotte n’a eu d’autre choix que d’opter pour une trajectoire à l’opposé, au ras de la péninsule ibérique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans ce groupe, le match a été intense, en particulier pour la troisième place. Une place finalement décrochée par Louis Burton, ce samedi en début d’après-midi.
De la tension jusqu’au bout pour la troisième place
« Nico (Lunven) m’a bien mis sous pression jusqu’au bout. Il a un bateau à dérives qui date un peu mais qui avait été super bien optimisé par Damien Seguin, son précédent propriétaire. Il l’a mené vraiment de manière remarquable, sans jamais sortir du cadre, mais toujours avec une vraie précision », a relaté le Malouin qui a finalement devancé son le skipper de Banque Populaire de 49 minutes, puis de moins de deux heures Isabelle Joschke (Team MACSF) et Benjamin Dutreux (Guyot environnement – Water Family). « Je suis très content. Après le démâtage dans la Transat Jacques Vabre, il fallait vraiment y croire parce qu’il y avait vraiment beaucoup de choses de cassées sur le bateau et qu’en plus, forcément, on avait pris un gros coup au moral. Aujourd’hui, je ramène une troisième place à toute l’équipe, c’est super. Je n’avais jamais fait de podium sur une course « format court » en IMOCA. 1 200 milles, c’est du sprint. C’est un rythme vraiment effréné. C’est d’autant plus vrai que sur cette Guyader Bermudes 1000 Race, on a vraiment eu tous les types de mer et tous les types de vent », a ajouté le skipper de Bureau Vallée qui a connu quelques galères, la faute notamment à un casier de pêche lors de la première nuit, mais qui n’a ensuite fait que remonter pour signer une 3e place, comme lors du dernier Vendée Globe. Si le podium est désormais complet, la bagarre se poursuit sur l’eau et les arrivées vont se succéder une large partie de la nuit. La remise des prix, elle, est programmée ce dimanche à 11 heures.
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