A coups d’élastique
Si la journée d’hier a été tonique, avec un flux de sud-est soufflant entre 25 et 35 nœuds sur une mer courte, les 17 solitaires de la Bermudes 1000 Race Douarnenez – Brest ont nettement ralenti la cadence depuis la nuit dernière. A la clé, de nombreuses manœuvres à effectuer pour les uns et les autres, mais aussi et surtout quelques coups d’élastique au classement. L’actuel leader, Sébastien Simon a ainsi vu son avance diminuer de plus de moitié ces dernières 24 heures. A présent, le skipper d’ARKEA PAPREC ne compte « plus » que 18 milles d’avance sur son poursuivant le plus proche après en avoir compté jusqu’à 50, et cet écart ne devrait pas cesser de faire le yoyo d’ici au waypoint des Açores. Et pour cause, l’approche de cette marque virtuelle, ne s’annonce pas simple avec une nouvelle phase de transition à négocier dans les heures qui viennent et un vent toujours très variable.
« Après 24 heures passées dans du vent assez fort, le vent a molli au cours de la nuit. En peu de temps, on est passé de GV 2 ris - trinquette à GV haute - génois en passant par le J2. Inutile de vos dire que ce n'était pas une nuit propice au repos, mais plutôt la fête de la manœuvre ! », a commenté Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) à la mi-journée, évoluant alors au près, dans un flux de secteur sud d’une quinzaine de nœuds irrégulier, à la fois en force et en direction. Même son de cloche du côté de Clément Giraud (Envol by Fortil). « Cette nuit, on a eu une grosse zone de molle. Plus d’air du tout. A un moment je me suis réveillé, je ne savais plus d’où venait le vent. J’ai carrément fait un 360° mais à présent, le vent se renforce de nouveau et va continuer de monter au fil de l’après-midi », a expliqué le Toulonnais qui doit, comme les autres, garder l’œil bien ouvert et s’adapter constamment aux variations de l’air. « Il faut rester actif pour être sur les différents réglages et surtout être prêt à refaire la manœuvre inverse », a souligné Maxime Sorel (V and B – Sailing Together) qui tire parfaitement bien son épingle du jeu dans le petit groupe formé par Yannick Bestaven (Maître Coq), Giancarlo Pedote (Prysmian), Fabrice Amedeo (Newrest – Art & Fenêtres) et Damien Seguin (Groupe APICIL).
Rester concentré sur ses objectifs
Tous ceux-là se tiennent actuellement en moins de dix milles et cravachent dur pour recoller au trio de tête toujours composé de Sébastien Simon (ARKEA PAPREC), Boris Herrmann (Malizia – Yacht Club de Monaco) et Sam Davies (Initiatives Cœur), pas mécontents, eux non plus de retrouver des conditions un peu plus confortables que la veille. « Quand on va aussi vite qu’hier, il est difficile de vivre, de se brosser les dents, de manger. La vie est suspendue quand elle est aussi violente ! », a indiqué la navigatrice britannique. Même sentiment du côté de sa compatriote, Pip Hare dont le bateau, un plan Roland construit en 1999, a logiquement été mis à rude épreuve dans le vent fort. « La météo a été rude et c’est la première fois que Superbigou parcourt autant de kilomètres depuis longtemps. C’est sans doute ce qui explique que je me retrouve confrontée à un souci de vit-de-mulet. Je suis déçue, bien sûr, mais je suis également déterminée à résoudre ce problème. Je reste concentrée mon objectif, qui est de franchir la ligne d'arrivée à Brest, quelle que soit ma position », a commenté la journaliste qui occupe désormais la 16e place, à 200 milles du leader.
Demain à la mi-journée à la marque des Açores
Deux cent milles, c’est grosso-modo ce qu’il reste à parcourir à Sébastien Simon pour franchir la prochaine marque du parcours. Si l’on se fie aux derniers routages, c’est donc demain à la mi-journée que le meneur de jeu devrait déborder le waypoint situé dans le nord de l’archipel des Açores. Mais contrairement aux apparences, la route pour y parvenir se sera pas si simple. Non seulement, le Sablais va devoir négocier au mieux la bascule du vent à l’ouest attendue dans les heures qui viennent avant de faire route directe vers ce point de passage obligatoire, mais aussi composer avec le vent qui devrait continuer de faire le yo-yo un moment, tantôt plus fort, tantôt plus faible. Dans ce contexte, il y a fort à parier que les écarts se fassent et se défassent régulièrement. De quoi jouer avec les nerfs de certains, en galvaniser d’autres, mais aussi garantir quelques rebondissements d’ici à l’arrivée que l’on peut aujourd’hui estimer à vendredi à la mi-journée à Brest pour les premiers.
Pointage de 17 heures : 1. Sébastien Simon (Arkéa – Paprec) à 1 095,7 milles de l’arrivée ; 2. Boris Herrmann (Malizia II – Yacht Club de Monaco) à 18,5 milles du leader ; 3. Sam Davies (Initiatives Cœur) à 31,3 m ; 4. Yannick Bestaven (Maître Coq IV) à 52,2 m ; 5. Giancarlo Pedote (Prysmian) 57 m ; 6. Maxime Sorel (V and B – Sailing Together) à 58,2 m ; 7. Fabrice Amedeo (Newrest – Art et Fenêtres) à 61,6 m ; 8. Damien Seguin (Groupe Apicil) à 63,4 m ; 9. Clément Giraud (Envol by Fortil) à 77 m ; 10. Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artipôle) à 85,3 ; 11. Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) à 86,4 m ; 12. Manuel Cousin (Groupe Setin) à 115,1 m ; 13. Miranda Merron (Campagne de France) à 149,2 m, 14. Alexia Barrier (4myplanet) à 169,3 m ; 15. Ari Huusela (Ariel II) à 197 m ; 16. Pip Hare (Superbigou) à 208 m ; 17. Denis Van Weynbergh (eyesea.be) à 213,5 m.