Le jour le plus long
Pour faire face à une vaste zone de molle de près de 800 milles, les skippers tentent de trouver tous les subterfuges et de ménager leurs nerfs. Le leader Charlie Dalin (APIVIA) – qui pointe à 150 milles de l’arrivée - devrait néanmoins retrouver un peu d’air à la latitude de Ouessant. Dans le même temps, la majorité de la flotte s’affaire à longer les côtes espagnoles.
Les marins conservent tous une part de mystère, quel que soit le temps passé à naviguer au large. Même lors d’une course de 1200 milles, les questions se bousculent, à terre, pour comprendre la palette d’émotions qui doit resurgir à chaque instant, là, à bord, à batailler contre tout. La Guyader Bermudes 1000 Race ne fait pas exception dans le domaine. La remontée vers Brest, que la majorité de la flotte a amorcé, se heurte à une longue zone de mole d’environ 800 milles (1200 km). En somme, l’équivalent d’un trajet Brest-Marseille sans essence !
Il faut donc rivaliser d’ingéniosité et faire preuve d’une sacrée patience. Et cela concerne donc toute la flotte, dont le leader, Charlie Dalin. Pendant toute la nuit, le skipper d’APIVIA progresse en ce début de matinée avec 10 à 11 nœuds de vent. « Il est parvenu à conserver un peu de vitesse, souligne Hubert Lemonnier à la direction de course. Et puis il va toucher de l’air à la latitude de Ouessant. » Charlie est désormais à 150 milles en route direct de Brest et son arrivée est toujours attendu entre « ce jeudi soir 20h et cette nuit entre 3 et 4 heures du matin ».
« Plus on va être derrière, plus on va prendre cher »
Derrière, Jérémie Beyou pointe à 118 milles, l’écart le plus conséquent entre 1er et 2e de la course. À bord de Charal, il a néanmoins conservé un routage nord, identique à celui de Charlie. De son côté, le reste de la flotte a opté pour mettre le cap à l’est et longer les côtes espagnoles afin d’éviter la fameuse zone de molle. « Le but est de s’écarter au plus vite de la zone de molle, on va tirer des bords le long de l’Espagne, corrobore Giancarlo Pedote (Prysmian Group). Ça va être dur, dur, dur et plus on va être derrière, plus on va prendre cher. »
Hubert Lemonnier reconnaît que la tâche est particulièrement harassante : « il va y avoir beaucoup de changement de voiles, ce sera long ! » Et en plus de l’adaptation aux conditions, il faudra veiller à la présence de bois qui flotte à la surface et qui peuvent endommager les bateaux.
Le « Waterloo » de Denis Van Weynbergh
La flotte des poursuivants peut se diviser en trois groupes distincts. Il y a d’abord les plus avancés, le trio Louis Burton (Bureau Vallée, 3e), Isabelle Joschke (MACSF, 4e) et Nicolas Lunven (Banque Populaire, 5e) qui « progresse à 10, 11 nœuds » (dixit Hubert) en ce début de matinée. Giancarlo Pedote (Prysmian Group, 6e) mène un autre groupe, jusqu’à Éric Bellion (Commeunseulhomme, 11e) qui pointe à 50 milles plus au sud.
Enfin, la flotte s’étire comme jamais : près de 430 milles séparent désormais le leader du dernier Denis Van Weynbergh (Laboratoires de Biarritz). Le Belge a souffert ces dernières heures. Il évoque d’ailleurs une « nuit cauchemardesque » entre mardi et mercredi, un « Waterloo » où il a dû résister avec « un mal de mer de chien pendant les manœuvres ». Cette nuit, Denis aurait eu des problèmes d’enroulage ou de déroulé de voile mais il a pu continuer sa marche en avant. Comme lui, deux autres skippers s’apprêtent à franchir le ‘way point’ Gallimard : Manuel Cousin (Groupe Sétin, 19e) et Antoine Cornic (EBAC Literie, 20e).
Notre partenaire média, Le Télégramme, vous offre le journal du jour ICI