Damien Seguin renvoie sa Grand-Voile et repart en mode course
Hier matin Damien Seguin, alors 7ème de la Bermudes 1000 Race, informait son équipe à terre que sa grand-voile était tombée sur le pont de son monocoque en raison de la casse du système d’accroche de la grand-voile au mât (lashing).
En quelques secondes, le skipper a vu sa course mise entre parenthèses. Après mûre réflexion et étude de la météo, Damien avait décidé hier de se diriger vers La Corogne pour faire une escale technique dans l’intention de réparer. Une décision très difficile à accepter pour ce compétiteur acharné puisqu’elle le privait de toute bataille avec ses concurrents. Il était alors distant de quatre jours de mer des côtes espagnoles.
Mais après quelques heures de sommeil, Damien s’est réveillé ce matin avec la volonté de tout tenter pour éviter cette escale qui le reléguait à l’arrière de la flotte. « J’étais vraiment frustré de ne pas réussir à repartir car on avait un joli mano à mano avec les autres bateaux depuis le départ de la course. Je me suis réveillé en me disant que je ne pouvais pas rester comme ça. J’ai pris un café et je me suis décidé » explique Damien ce matin au téléphone.
Damien a donc profité de conditions météo plus clémentes alors qu’il était aux prises avec une dorsale anticyclonique pour se lancer dans l’ascension du mât de Groupe APICIL haut de 27 mètres. Casque sur la tête, il a enfilé son baudrier et installé son système développé par des montagnards et spécialement adapté à son handicap. « C’est une sacrée expérience. Je n’arrive pas à dire combien de temps tout cela m’a pris. Par contre, j’ai bien pris le temps d’analyser les choses pour ne pas faire de bêtises et une fois que je me suis lancé, je ne me suis plus posé de questions » raconte le triple médaillé paralympique. Le solitaire est finalement parvenu à se hisser jusqu’en haut du mât pour récupérer la drisse (cordage) et pouvoir effectuer la réparation.
Après une descente épique incluant une chute de cinq mètres heureusement sans conséquence, le skipper de groupe APICIL s’est retrouvé sur le pont de son bateau et a pu renvoyer, dans un ultime effort, sa grand-Voile.
Un exploit incroyable pour ce marin au mental d’acier qui malgré plusieurs expériences en course au large et notamment en Class 40, montait pour la toute première fois, seul au mât. Une grande première donc pour Damien qui n’est pas prêt d’oublier cette opération délicate. « Tu prends des coups de partout. Heureusement, j’avais un casque. Par contre, la descente est très difficile à contrôler. J’ai fait une chute de cinq mètres avant que le système se bloque. C’était un peu chaud. J’avais du petit temps à ce moment-là mais il y avait quand même de la houle qui faisait bouger beaucoup le bateau. »
Le problème désormais résolu, Damien a repris sa route, plus motivé que jamais. Il est à la poursuite d’Arnaud Boissières (La Mie Caline), situé à 50 milles de son étrave. 11ème de la course, il lui reste encore un peu plus de 700 milles avant d’atteindre Brest, port d’arrivée de cette Bermudes 1000 Race.
Damien Seguin au téléphone ce matin :
« C’est trop bien. Je suis monté dans le mât ce matin. Je me suis réveillé en me disant que je ne pouvais pas rester comme ça. J’ai pris un café et je suis allé chercher cette drisse. C’est une sacrée expérience. Je n’arrive pas à dire combien de temps tout cela m’a pris par contre j’ai bien pris le temps d’analyser les choses pour ne pas faire de bêtises et une fois que je me suis lancé, je ne me suis plus posé de questions. Maintenant, je suis dans la pétole. Je suis en train de reprendre des fichiers météo. Je suis GV haute, j’ai monté la grand-voile. Tout va bien, a priori. Il faut juste que je sorte de cette dorsale et que je recharge mes batteries et que j’analyse bien la météo. Monter dans le mât, ça va même si tu prends des coups de partout. Heureusement, j’avais un casque. Par contre, la descente est très difficile à contrôler. J’ai fait une chute de cinq mètres avant que le système se bloque. C’était un peu chaud.
Je n’étais jamais monté seul en haut du mât même pas en Class 40. Il faut bien des premières. J’avais du petit temps à ce moment-là mais il y avait quand même de la houle qui faisait bouger beaucoup le bateau. Maintenant, je vais rattraper la Mie Caline pour prendre un petit déjeuner. J’étais vraiment frustré et je trouvais ça trop bête de ne pas réussir à repartir car on avait un joli mano à mano avec les autres bateaux depuis le départ de la course. Je suis content de revenir dans le match et de reprendre la course. »